Thème : La persistance du drapé
Artistes participant : Nathalie Ampleman | Raymond Aubin | Renée Chevalier | Micheline Couture | Lillianne Daigle | Michèle DeBellefeuille | Madeline Deriaz | Maryse Des Aulniers | Cécile Dremière | Gracia Dubé | Élisabeth Dupond | Bruno Gervais | Louis Godbout | Jose Roberto Godoy | Olena Golub | Eugenia Gortchakova | John Graham | Adriana Gutiérrez | Saeko Hanji | Isao Kobayashi | Johanne Lafrenière | Louise Lamirande | Doris Lamontagne | Marie-Paule Le Bohec-Macot | Denis Leclerc | Kinichi Maki | Louise Mercure | Joseph Muscat | Thom O’Connor | Csaba Pál | André Paquin | Martine Périat | Henry Pouillon | Izabella Retkowska | Mana Rouholamini | Anne et Gilles Roulant et Guillaume | Jozina Marina Van Hees | Markéta Váradiová | Paul Walty | David Westrop | Pierre Woerner
La persistance du drapé
Les Grecs de l’Antiquité ont développé une grammaire du drapé, de la rigueur géométrique du style archaïque jusqu’à la passion lyrique du style hellénistique. Les archétypes formels qu’ils ont légués trouvent-ils toujours leur place dans une pratique actuelle? Un travail considérable sur le voilage s’observe encore, de Michael Snow (Souffle solaire, Cariatides du Nord, 2002) à Shirin Neshat (Rapture Series — Women Scattered, 1999), de Christo et Jeanne-Claude (Running Fence, 1972-76) à Ed Pien et Johannes Zits (Gravity, 2012). La liste est longue et la gravure trouve un exemple remarquable, entre autres dans l’oeuvre de Betty Goodwin (Crushed Vests, 1969-74). Les Grecs de l’Antiquité ont développé une grammaire du drapé, de la rigueur géométrique du style archaïque jusqu’à la passion lyrique du style hellénistique. Les archétypes formels qu’ils ont légués trouvent-ils toujours leur place dans une pratique actuelle? Un travail considérable sur le voilage s’observe encore, de Michael Snow (Souffle solaire, Cariatides du Nord, 2002) à Shirin Neshat (Rapture Series — Women Scattered, 1999), de Christo et Jeanne-Claude (Running Fence, 1972-76) à Ed Pien et Johannes Zits (Gravity, 2012). La liste est longue et la gravure trouve un exemple remarquable, entre autres dans l’oeuvre de Betty Goodwin (Crushed Vests, 1969-74).
Si la question du drapé peut paraître ancienne et dépassée, cette considération est prise de front quand elle est envisagée du point de vue de l’estampe numérique qui nous met face au dilemme de la tradition et de la modernité, de l’ancien et du nouveau. « La technique de reproduction […] détache la chose reproduite du domaine de la tradition. […] En permettant à la reproduction de s’offrir en n’importe quelle situation au spectateur ou à l’auditeur, elle actualise la chose reproduite[1]. » Ainsi en est-il donc de plus en plus avec l’avènement du numérique dans ses paramètres : accessible, instantané, illimité et transparent. Si la question du drapé peut paraître ancienne et dépassée, cette considération est prise de front quand elle est envisagée du point de vue de l’estampe numérique qui nous met face au dilemme de la tradition et de la modernité, de l’ancien et du nouveau. « La technique de reproduction […] détache la chose reproduite du domaine de la tradition. […] En permettant à la reproduction de s’offrir en n’importe quelle situation au spectateur ou à l’auditeur, elle actualise la chose reproduite[1]. » Ainsi en est-il donc de plus en plus avec l’avènement du numérique dans ses paramètres : accessible, instantané, illimité et transparent.
La contemporanéité du médium électronique s’appuie pourtant sur des structures qui sont repérables dans certains des schémas plastiques les plus anciens de l’histoire de l’art, dont celui du drapé. Les artistes sélectionnés pour la 9e Exposition internationale d’estampe numérique miniature ont mis de l’avant ce rapport, soit dans la forme, soit dans le concept, et la variété d’images qui en surgit est résolument moderne. Car après tout, le drapé semble toujours se prêter aux préoccupations politiques, sociales, ou formelles de l’artiste, que ce soit en tant que sujet, véhicule ou simplement matière. La contemporanéité du médium électronique s’appuie pourtant sur des structures qui sont repérables dans certains des schémas plastiques les plus anciens de l’histoire de l’art, dont celui du drapé. Les artistes sélectionnés pour la 9e Exposition internationale d’estampe numérique miniature ont mis de l’avant ce rapport, soit dans la forme, soit dans le concept, et la variété d’images qui en surgit est résolument moderne. Car après tout, le drapé semble toujours se prêter aux préoccupations politiques, sociales, ou formelles de l’artiste, que ce soit en tant que sujet, véhicule ou simplement matière.
[1] Walter Benjamin, L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, 1936, http://www.hypermedia.univ-paris8.fr/Groupe/documents/Benjamin/Ben3.html#ref, consulté le 14 octobre 2014.
— François Chalifour, Commissaire